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1 novembre 2005

Ich heisse super fantastische

Vendredi soir au Zénith, premier concert rock depuis la lecture du plaisant mais un peu trop appliqué "Owen Noone & Marauder" (Douglas Cowie, Ed. Christian Bourgeois) : impossible de ne pas imaginer les cinq écossais qui vont bientôt monter sur scène, agités backstage, insultant comme Owen l'envoyé de leur maison de disque.

Franz Ferdinand monte sur scène et dès "Come on home" en deuxième titre (l'occasion de réévaluer cette petite bombe rock'n'roll, comme pour chaque titre ou presque du premier album), la salle est en feu. Guitares chauffées à blanc, rythmique électrisante, écran géant pour une fois participant au spectacle, l'énergie de "This fire" ou "Auf Achse" démultipliée par un public joyeux et combatif, impossible de ne pas sautiller le sourire aux lèvres. Les fléchettes du plaisir fusent à 400km/h, même "Take me Out" paraît trop court. Ce soir-là, le matheux que j'étais a résolu l'équation f(rock – blues)/2005 = Franz Ferdinand.
En pantalon Hedi Slimane et tout en martelant frénétiquement le sol de sa petit boot pointue.

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6 mars 2005

Cinéma !

Il faut savoir se faire plaisir, de temps en temps.
Et pour moi, "se faire plaisir" ne signifie pas forcément ce à quoi vous pensez (bande de petits obsédés), mais plus boboïstiquement aller à la FNAC faire une razzia de DVDs en profitant des bons-cadeau de 3 euros échangés contre nos vieilles cassettes pré-enregistrées. (Adieu "Les ensorcelés", "La nuit du chasseur", "Huit et demi" et le "Rocky Horror Picture Show"). (Evidemment, ces bons ne sont pas valables pour les DVD encore en prix vert. Ils sont pas stupides non plus, à la FNAC.)

Résultat des courses :
"Les affranchis" en édition collector. Je me souviens d'une comparaison assez juste à l'époque, il me semble que c'était dans les Cahiers du Cinéma, qui comparait l'effet du film de Scorsese sur les spectateurs à celui d'un rail de coke (à l'image des dernières vingt minutes du film, avec cette voix-off frénétique qui raconte avec la même intensité la préparation d'une sauce tomate, l'apparition d'un hélicoptère du F.B.I. et la livraison d'un paquet de cocaïne). Mon film préféré de Scorsese. Pour une fois, l'expression favorite des critiques américains ("A rollercoaster ride that'll keep you on the edge of your seat. Two thumbs up !") parfaitement justifiée.

"Il était une fois dans l'Ouest", édition collector. Je ne l'ai pas revu depuis la première fois, quand j'étais gamin. Quasi-certain d'adorer une nouvelle fois.

"Bottle Rocket", le premier film de Wes Anderson, avant "Rushmore", "La famille Tennenbaum" et "La vie quatique" qui sort ces jours-ci. Déjà co-écrit et interprété par Owen "Hansel - he's so hot right now" Wilson, jamais vu mais classé par Scorsese parmi ses dix films préférés des années 90 (la vieille classe).

"Nelly et M. Arnaud" de Claude Sautet. Un de mes dix films français préférés des années 90 (ma liste à moi est malheureusement moins célèbre que celle de Scorsese). Un film qui parle du désir et de la vieillesse avec une élégance ahurissante. Serrault est magnifique, et Béart, qui ne jouait pas encore comme une paire de lèvres, n'a jamais été meilleure.

"Le fils", des frères Dardenne. Gigantesque claque lorsque je l'avais vu à sa sortie. Mon film préféré de 2002. Pas certain d'avoir envie de me le mater tous les trois jours, mais ça valait le coup de prendre le risque.

"La comtesse aux pieds nus" de Mankiewicz. Dans le cadre de mes bonnes résolutions pour 2005.

"Le procès" d'Orson Welles et "Le troisième homme" de Carol Reed. Jamais vu le premier et vague souvenir du second, mais j'étais in the mood for classics (et puis ni "Laura", ni "Les ensorcelés" n'existent encore en DVD).

"Les tontons flingueurs", de Georges Lautner. Celui-ci, c'était un cadeau pour Celle-dont-on-ne-prononce-pas-le-nom, parce qu'honnêtement, je fais partie de ces gens que l'on regarde comme des bêtes curieuses lorsqu'ils avouent, au détour d'un dîner en ville, que personnellement ça ne les a jamais fait rire. (Vous voyez, vous faites pareil. Mais j'y peux rien, moi "Les tontons flingueurs", j'ai essayé trois ou quatre fois de le regarder en entier, et à chauqe fois je me suis profondément emmerdé. )

Et, petite faiblesse coupable, le double DVD des "Messages à caractère informatif", parce que toutes ces moustaches et ces cravates, ça me fait beaucoup rire.

Voilà qui annonce donc un bon dimanche de films sans salle.
...
("Un bon dimanche de films sans salle". Calembour ! Oui, il vient de loin, et c'est pour ça que je l'aime bien.)

4 mars 2005

Comme quoi, parfois, la vie.

Ceci est un texte de remerciement (pas tout à fait celui que j'aurais déclamé au Théâtre du Châtelet si j'avais eu un César, mais bon, je n'étais même pas nommé (oui, on dit "nommé" maintenant, on ne dit plus "nominé". Moi j'aimais bien "nominé")) de toute façon. Je suis un incompris.

Il y a quelques semaines, j'ai reçu un formulaire de réabonnement au magazine "Technikart".

J'aime beaucoup "Technikart". Ceux qui me connaissent savent avec quel déchirement j'ai fini par renoncer à la lecture des Inrockuptibles (un magazine qui m'a quasiment élevé). Et justement j'avais retrouvé dans Technikart une hargne, une attitude, une soif de penser le monde dans lequel j'ai le sentiment de vivre, et en particulier dans sa sphère "culturelle" (guillemets d'élargissement, pas guillemets de mépris). Et même s'il y a relativement souvent des articles dont l'argument de base me semble être un vaste foutage de gueule (et attention, j'ai commencé à le lire régulièrement quand je vivais en province, donc rien à voir avec le quelconque parisianisme-du-nord qu'on leur reproche souvent), il y a toujours au moins un ou deux articles où je me dis : "C'est ça. Il a raison. Je pensais exactement la même chose sans réussir à le formuler aussi précisément". (Par ailleurs, je suis également souvent en accord avec leurs enthousiasmes cinéphiles et musicaux.)

Ainsi, je suis très bien caricaturé dans l'article "Jamais punk après 22h00" du numéro de ce mois-ci.
Vous me direz, l'auteur en est un certain Patrick Sabatier, qui si je ne m'abuse officiait autrefois aux "Inrockuptibles". (Ou alors les journalistes n'ont vraiment aucune imagination en matière de pseudo) Passons.

Bref. Je reçois ce formulaire de réabonnement, qui m'invite à envoyer un nouveau chèque le plus rapidement possible, sans quoi non seulement j'aurai à aller jusqu'au kiosque à journaux qui se trouve être sur le chemin vers la station de métro dans laquelle je dois aller cinq jours par semaine pour me rendre au travail, mais en plus je ne profiterai pas des nombreux cadeaux, pass, invits, avantages divers et variés dont bénéficie, en totale impunité, l'heureuse communauté des abonnés.

Alors là je lève un sourcil.

Depuis un an que je suis abonné à Technikart, le seul "cadeau" que j'aie jamais reçu d'eux sont, dans le cadre d'une opération promotionnelle, deux numéros de "Digital Art" (ou un truc comme ça), pure revue de nerd ayant toujours rêvé d'être développeur à Pixar tout en étant chargé d'études à la Société Générale.
C'est dire si je faisais partie du public visé.

Du coup, comme j'avais de toutes façons l'intention de continuer à lire fidèlement Technikart chaque mois, j'ai renvoyé un chèque, décoré d'un petit post-it sur lequel j'avais potachement gribouillé que je me réabonnais par attachement au magazine, mais que j'avais bien ri en lisant le petit texte à propos des soi-disant cadeaux aux abonnés.

Plus d'un mois passe. Paris se couvre de neige.

Et puis je reçois aujourd'hui un paquet, contenant une lettre de Technikart, m'expliquant que d'une part ils me remercient de m'être réabonné (tout le plaisir est pour moi) et que, d'autre part, si je n'ai jamais bénéficié d'aucun avantage lié à mon statut d'abonné, c'est parce que je ne me suis pas inscrit sur la mailing-liste qu'il faut, et qu'ils sont désolés de ce malentendu, et que du coup, comme ça, hyper gentiment, ils m'offrent le DVD du film "Le convoyeur".

Comme ça.
En précisant à la fin que c'est parce qu'ils veulent pas qu'on puisse dire que c'est des menteurs.
Trop la classe.

En plus j'avais trouvé ça vachement bien, "Le convoyeur". Je suis hyper content d'avoir le DVD. Merci, vraiment.

Ce qui me ramène à ce billet de réaction à chaud que me réclament mes copains sur le palmarès des César. Le problème, c'est que je n'ai pas vu "L'esquive". (Ce qui n'empêche que "Rois et reine", merde !). Mais ce que je peux dire, quand même, c'est que les non-nominations (et toc !) du "Convoyeur", ça c'était déjà un scandale.
15 février 2005

SAS Embuscade à Berlin

Non mais sérieusement, comment voulez-vous ?

Suite aux divers déboires narrés hier, et grâce au recul bénéfique sur les choses de la vie qu'apporte la chose écrite, j'ai cru (ô un instant, un instant seulement) avoir trouvé la solution en confiant ce matin à Celle-dont-on-ne-prononce-pas-le-nom (la somptueuse créature qui partage ma vie) la mission consistant à aller aujourd'hui une bonne fois pour toutes acheter une enveloppe-bulle et à aller poster cette *%$!§%*?! de compilation à mon ami Fred qui habite en Allemagne. (Savoir déléguer, la qualité indispensable à tout chef d'entreprise. Note pour moi-même : y repenser pour la maison d'édition - y'aurait-il moyen de sous-traiter tout  le biniou administratif pour me concentrer sur mon coeur de métier : les promenades dans Saint-Germain-des-Près avec une grande écharpe ?)

Ce soir donc, je rentre chez moi, déjà prêt à serrer dans mes bras ma vaillante soldate, qui allait m'accueillir aux cris de "on a réussi, putain ! On leur a envoyé ce putain de CD aux fridolins !", et sans doute m'arracher mes vêtements dans la foulée pour profiter comme deux adultes consentants de l'euphorie hormonale immanquablement déclenchée par la réussite d'une mission à haut risque (mais je lis peut-être trop de SAS). Pour un peu, je serais presque allé acheter du champagne. (Finalement je suis juste passé au McDo.)
Las : lorsque j'ouvris la porte, point de soldate en rut aux sens brouillés par le désir. (Damn !)
Celle-dont-on-ne-prononce-pas-le-nom était tranquillement assise sur le canapé, vaquant à ses occupations comme si de rien n'était, comme si à plusieurs milliers de kilomètres de là, mon ami Fred n'était pas empli d'amertume à mon égard.
Après nos effusions traditionelles du soir (quand même), je l'interroge donc sur le sort du CD.
Et là, avec un aplomb qui, l'espace d'un instant, me rappela tendrement celui avec lequel elle repoussait encore mes avances deux ans plus tôt, elle me raconte qu'elle n'avait pas trouvé de papeterie non plus; et que ça l'avait saoulée de chercher, et que donc elle était allée à la Poste et qu'elle avait payé douze euros.

Comme je vous le dis.

Non mais, avec des femmes comme ça, comment voulez-vous qu'on arrive à faire la révolution ?

14 février 2005

Mea Culpa

Ce post est destiné à mon ami Fred.
(Non, rassurez-vous, il va bien.)

Je vais lâchement profiter de mon anonymat dans l'intermonde pour avouer un truc que j'ose pas lui dire en face.

Voyez-vous, pour l'anniversaire de mon ami Fred, qui habite Berlin (ce détail a son importance), je lui ai fait une compil' de divers. Sur CD et tout (oui, oh, que des albums que j'ai achetés alors hein bon, J'AI LE DROIT. Ne me lancez pas sur les maisons de disques.), avec une super belle pochette, que je m'en vais vous montrer d'ailleurs :

 

"Yeah. Slow.", c'est le titre de la compil' (c'est aussi le refrain du "Slow" de Kylie Minogue remixé par les Chemical Brothers que j'ai mis sur la compil'. Cohérence, cohérence, comme dit le proverbe.).

Alors je vous mets la track-list aussi, pendant qu'on y est (et puis ça me donnera l'occasion de briller un peu en tant que concepteur-de-compil' parce que vous allez voir c'est d'la balle. Que du gros.) :

 

Que des chefs d'oeuvre.

En particulier, la petite pépite de cette compil' (c'est une des règles d'or des bonnes compils', il faut des pépites.), c'est une reprise d'une chanson de Daniel Johnston (une espèce de John Lennon fou et vivant en ermite, pour ceux qui connaissent pas) par Eels. Ca s'appelle Living Life, et c'est le morceau que j'écoute en boucle depuis que je l'ai découvert. Au départ il a l'air de rien, et au final vous vous retrouvez bouleversé. Je l'avais repéré sur une compilation-hommage à Daniel Johnston (non, là pas "cohérence cohérence", c'est trop facile) où on retrouve Beck (le morceau est aussi sur la compil'), Sparkelhorse, les Flaming Lips, TV On the Radio et Vic Chesnutt. Et dans le livret, pour chaque chanson, le groupe qui faisait la reprise devait expliquer pourquoi il avait choisi cette chanson. Et le chanteur de Eels, E, avait écrit qu'ils jouaient toujours une reprise en concert, et que cette chanson-là était la seule qu'il ne se soit jamais lassé de jouer. Ca m'avait intrigué, c'est pour ça que j'ai fait plus attention à celle-là (elle n'a l'air de rien, on pourrait facilement passer à côté – c'est tout son charme fragile).

Bref. J'ai fait une super compil' à mon ami Fred pour son anniversaire. Et lundi dernier, par mail, je me suis un peu avancé, et je lui ai écrit que je venais de la poster. Alors qu'en réalité je comptais me rendre à la Poste un peu plus tard dans l'après-midi pour effectivement acheter une enveloppe-bulle et poster le CD.

Or, quand je parvins à la Poste qui est à côté de l'endroit où je travaille (bravant un vent glacial, me dois-je d'ajouter), ce lundi-là, hé ben elle était fermée la Poste. Le lundi. Donc j'ai pas pu le poster.

Déjà, ce soir-là, l'angoisse et la culpabilité m'étreignaient à l'idée d'avoir ainsi menti à mon ami Fred, mais je me disais que j'irais à la Poste dès le lendemain, et que ce jour supplémentaire ne se remarquerait pas trop sur les dix que met la Poste pour acheminer un paquet à Berlin.
Las.
Le lendemain et le surlendemain j'étais en déplacement. Impossible de trouver dix minutes pour dénicher une foutue Poste et envoyer ce damné paquet.Tant pis, me disais-je, en m'imaginant expliquer à mon ami Fred que la Poste française, c'est vraiment n'importe quoi.
Bon, jeudi, honnêtement, j'ai oublié.

Vendredi, je vais à la Poste vers onze heures du matin (je ne travaillais pas). Hé ben apparemment la France entière avait pris une RTT pour venir poster un truc parce qu'il y avait une queue de cinquante personnes (un vendredi en milieu de matinée !!!) et j'ai renoncé.
Le week-end est arrivé. Il a grêlé et il a neigé. La chèvre de monsieur Denis a mis bas.
Dimanche soir, mon plan était parfaitement rôdé : réveil plus tôt, départ avancé avec crochet à la Poste à 8h30. Imparable. J'avais même pensé à prendre du liquide pour payer l'enveloppe et le timbre. <>Lundi, 8h30, j'arrive au guichet. Fred, mon ami, je t'ai menti mais vois comme j'essaie de racheter ma faute ! Vois comme je me flagelle devant cette grosse dame frisée !
- Je voudrais envoyer ce CD à Berlin, en Allemagne, avec une enveloppe-bulle.
La grosse dame frisée me sort une enveloppe genre Chronopost, avec marqué "Spécial Europe Express" ou un truc comme ça.
- C'est 12 euros.
Pardon ?
D'ailleurs c'est ce que j'ai dit :
- Pardon ?
- Pour l'Allemagne, c'est 12 euros.
- 12 euros ?
- 12 euros.
- Mais vous avez pas des enveloppes-bulle normales, pour CD.
- Ha si, mais c'est seulement pour la France, ça peut pas aller en Europe.
- Mais si on la prend et que je mets les timbres qu'il faut ?
- Ha ben non, ça va qu'en France.
- Donc, en gros, il faut que j'aille m'acheter une enveloppe-bulle à quoi, un euro, dans une papeterie, et que je vienne acheter deux euros de timbres sinon c'est douze euros ?
- Ha ben oui.
Ha ben non (Fred, tu es mon ami, mais là c'est une question de principe. On ne me fera pas payer douze euros pour envoyer un CD en Allemagne.)
Et ça c'était ce matin.
Cela fait donc une semaine que je me trimballe cette saloperie de CD que j'arrive pas à poster, et alors que j'air reçu aujourd'hui (ô cruelle existence) le cadeau d'anniversaire que m'offrait mon ami Fred (le bouquin Waiting for the Sun, sur la scène musicale de Los Angeles, ça a l'air trop bien – cela dit il est passé par le site internet de la FNAC, c'était plus facile. Si.), et je ne sais plus quoi faire. Je suis désemparé devant cette nouvelle épreuve. Il n'y a pas la moindre papeterie dans tout le XIVème arrondissement, apparemment. Je me demande si je ne vais pas finalement me la garder, moi, cette compil'.
- Allô Fred ? Non mais je vais aller leur taper un scandale moi, à la Poste. Ca commence à suffire, ces paquets perdus, sans déconner. La France part à vau-l'eau, si tu savais...

 

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20 janvier 2005

Le petit trou du Docteur Philipp

En France, tout le monde a deux métiers : le sien et critique de cinéma.
François Truffaut



Hier soir, j'ai forcé Celle-on-on-ne-prononce-pas-le-nom (c'est la jeune femme qui partage ma vie) à regarder avec moi à la télévision un film que j'avais loupé en salle cette année : Qui a tué Bambi ? (premier film de Gilles Marchand, scénariste auparavant du "Harry, un ami qui vous veut du bien" de Dominik Moll (d'ailleurs crédité au générique comme "conseiller à la mise en scène") sélection Française à Cannes en 2003, zéro prix, les critiques de l'époque l'avaient dans mon souvenir surtout taxé d' "hommage Hitchcokien scolaire et un peu longuet". (je synthétise – quand je commence à parler comme ça, Le Gourou et Jean-Jean disent que je suis passé en mode CD-Rom. Mais c'est plus fort que moi.)).

Hé bien j'ai beaucoup aimé, "Qui a tué Bambi ?".

Alors de quoi s'agit-il ? C'est l'histoire (rappelons-nous qu'Howard Hawks ou John Ford disaient : "Un bon film, c'est trois ingrédients : une bonne histoire, une bonne histoire, et une bonne histoire." (Quelle bande de vieux radoteurs, ces deux-là.)) d'une jeune fille qui fait un stage d'infirmière dans un hôpital, et qui soupçonne bientôt un médecin, le mystérieux docteur Philipp (Laurent Lucas) de droguer ses patientes la nuit pour les violer. Et "Bambi", c'est le surnom que donne à cette jeune infirmière, jouée par Sophie Quinton, le docteur Philipp, justement, parce que lors de leur première rencontre, elle a un malaise et s'évanouit.
- Vous vous appelez Bambi. Parce que, comme lui, vous ne tenez pas sur vos jambes. (Bon, ça rend mieux quand c'est Laurent Lucas qui le dit.)

Il y a plein de choses intéressantes, dans ce film, à l'atmosphère effectivement très Hitchcockienne (référence directe – facile - à la scène de "Soupçons" où Cary Grant monte un verre de lait à sa femme). En particulier son côté très "film de scénariste".

Car "Qui a tué Bambi ?" est ce que j'appelle un "film de scénariste".
Alors qu'est-ce qu'un film de scénariste, demanderont certains d'entre vous (les autres ont intérêt à arrêter de lire parce que je ne vais parler que de ça).
Un film de scénariste, c'est un film (généralement un "premier") réalisé par un type qui auparavant était scénariste (autre exemple : "Hypnose" de David Koepp).
Certes.
(Les petits malins qui ont répondu ça feraient bien de partir aussi, parce que c'est pas avec une classe comme celle-ci qu'on va terminer le programme d'ici juin, c'est moi qui vous le dit.)
Certes, mais encore ?
Il y a plusieurs choses qui caractérisent ce que j'appelle un "film de scénariste", et qu'on retrouve dans "Qui a tué Bambi ?" :
- une mise en scène léchée, précise, ici "à la Kubrick". Et surtout entièrement pensée autour du scénario (il y a des critiques, chez Chronicart, par exemple, qui vous diront qu'ils préfèrent les films dont la mise en scène va contre le scénario. Moi, dans ces cas-là, je vide mon verre, je me lève, je dis à Celle-dont-on-ne-prononce-pas-le-nom d'aller chercher ses affaires et nous partons.). Pas un plan qui dépasse, pas un mouvement de caméra qui ne serve l'histoire. On peut trouver ça un peu mécanique, mais là, en l'occurrence, c'est vraiment réussi.
- une construction rigoureuse, si possible à tiroirs (le réalisateur était scénariste, mettons-nous à sa place : le jour où votre boulanger vous invite à dîner, la moindre des choses c'est que le pain soit bon). En l'occurrence ici, ce qui m'a bien plu, et même si l'intrigue en elle-même n'est pas franchement époustouflante, c'est que pendant tout le film on a l'impression d'être dans un film à twist, pendant tout le film on s'attend à un retournement de situation final complet, et pourtant non (c'est ça, le twist). Gilles Laurent joue d'ailleurs avec ça, puisque nous voyons ce que fait Laurent Lucas, il y a assez peu de doute quant à la nature de ses agissements, et pourtant le personnage comme son discours ("... Véronique est morte, je l'ai tuée." "- ... pas vrai !" "- Vous avez raison, c'est pas vrai.") maintiennent l'ambiguïté jusqu'au bout (Laurent Lucas est génial). A tel point que jusqu'à la fin je me suis demandé s'il n'y avait pas une autre explication, et si effectivement, Isabelle/Bambi n'avait pas une imagination galopante.
- des "scènes" marquantes. Ici, celle dite "du rêve" (à double titre puisqu'à ce moment-là du film, Bambi pourrait très bien être en train de rêver – elle a pris un somnifère dans la scène d'avant) : lors d'une fête d'internat, Bambi se retrouve entourée de ses copines qui lui disent en pouffant que le docteur Philipp a fait un rêve, et qu'il doit absolument lui raconter. Celui-ci fait mine d'être embarrassé et finit par plutôt proposer à Bambi d'essayer de deviner le contenu de ce rêve, en ne posant que des questions auxquelles il répondra par oui ou par non.
Celle-ci s'exécute timidement (performance incroyable de Sophie Quinton, vraie révélation du film) et lui pose des questions, révélant petit à petit qu'il s'agit d'un rêve érotique (gêne), qu'il a rêvé d'elle avec lui (ricanements des copines), dans une forêt, l'un contre l'autre...
Mais alors qu'elle creuse les contours du rêve, le docteur Philipp lui révèle tout-à-coup qu'il s'agit d'un jeu, qu'il n'y a pas de rêve, qu'il répond par "oui" quand la question se termine par une voyelle, par "non" quand c'est par une consonne ("-C'est un rêve érotique ? – Oui."). Ses copines éclatent de rire, et Bambi rougit parce que c'est son fantasme qu'elle vient de révéler. (J'ai trop envie d'essayer ça sur quelqu'un.)
- le jeu avec quelques conventions scénaristiques usées du genre "thriller". Par exemple la scène où Bambi, en pleine nuit, va fouiller le bureau du docteur Philipp. Elle ouvre la porte avec un double des clés, pénètre dans la pièce sans allumer la lumière, et referme la porte derrière elle à clé. Dans n'importe quel autre film du même genre, l'héroïne ne verrouillera pas la porte et n'entendra pas le méchant arriver dans son dos tandis qu'elle fouillera dans les tiroirs ! Ou l'absence de toute musique tonitruante lors des apparitions "surprises" du docteur (à la fin, dans le jardin de l'hôpital, quand Bambi est avec Sami). Ou bien : comment échapper à quelqu'un qui vous a kidnappé et vous emmène en voiture vers une destination qui risque bien d'être finale dans tous les sens du terme ? En le mordant pour que la voiture ait un accident (on se demande pourquoi on n'y pense pas).

Mais il y a aussi un truc qu'on ne trouve pas forcément dans un film de scénariste, c'est une putain de vraie révélation d'actrice. Sophie Quinton. Je ne comprends pas qu'elle n'ait pas l'air d'avoir fait grand chose depuis, mais si elle n'a pas le César du meilleur jeune espoir féminin cette année je quitte ce pays (pareil pour Amalric meilleur acteur pour "Rois et reine" d'ailleurs). Elle est incroyable.

Et pour finir, afin de vérifier l'intuition que j'avais que je venais de voir un vraiment bon film, j'ai procédé à mon petit test habituel : je suis allé voir ce qu'en avaient pensé les petits génies de Chronicart.
Et là, bingo (ce truc est vraiment infaillible).
Ils avaient détesté.
17 janvier 2005

Pardon Pierre Arditi



Je tiens d'ores et déjà à apporter un démenti cinglant aux rumeurs qui commencent à circuler dans la presse internationale.

Voyez-vous, samedi, j'ai organisé une petite fête pour mon anniversaire (non, c'est gentil, merci). J'ai comme qui dirait sacrifié à cette vieille coutume ancestrale qui vous fait boire du champagne avec vos amis (j'imagine que ça doit remonter à l'invention du champagne, d'ailleurs) tout en vous trémoussant sur de la musique techno (comme ils disent) tout ça pour oublier cette vision des fesses nues de Pierre Arditi, dans le dernier film de Claude Berri, et cette idée obsédante qu'un jour vous aurez les mêmes (no offense to Pierre Arditi). C'est pas non plus que j'aie un petit cul de Brésilienne, mais enfin quand même.

Et puis je ne voudrais pas donner l'impression d'être amer, j'ai eu plein de jolis cadeaux. Dédé Champagne m'a offert une veste absolument terrible (Oui, alors je ne l'ai pas dit, mais Dédé Champagne, j'ai trouvé que c'était mieux que "A." – ou que les propositions faites par certain visiteur (no offense again – Seigneur, ce blog va me brouiller avec la terre entière).), j'ai eu "Lost in Translation" et "Monty Python Sacré Graal" en DVD, le premier album des Libertines, le deuxième de The Coral, et des nouveaux livres sur le métier d'éditeur (souvenez-vous). (Je fais cette petite liste pour ceux qui auraient encore l'intention de m'offrir des cadeaux pour mon anniversaire, qu'ils m'offrent pas un truc que j'ai déjà. C'est pour rendre service : on a toujours l'air un peu cruche quand on offre quelque chose à quelqu'un qui l'a déjà. Moi c'est pour vous ; je suis pas obligé.)

C'était une très bonne soirée, comme ne suffit pas à en témoigner la jolie photo ci-dessus, les gens étaient beaux et gentils et je voudrais dans l'anonymat du cyber monde les remercier d'être venus (je ne suis pas trop le genre à montrer mes émotions. C'est mon côté vieux loup de mer.).

Mais je voudrais donc aussi d'ores et déjà, comme je le disais en introduction, faire la déclaration suivante à propos de cette soirée : personne, je dis bien absolument personne, n'était déguisé en nazi.
D'ailleurs le Prince Harry n'était même pas invité. (La dernière fois il avait vomi partout.)

14 janvier 2005

You only live twice

Live and don't learn, that's my motto.
Calvin

Suis-je donc le seul à avoir remarqué combien, depuis quelques années, les titres des films de James Bond ne veulent absolument rien dire ? (et pourtant les gens continuent à vaquer à leurs occupations comme si de rien n'était – moi, ça me sidère.)
Je veux dire : "Demain ne meurt jamais" ?... "Meurs un autre jour" ??...Et même en remontant dans le temps : "On ne vit que deux fois" ???

On ne vit que deux fois.
(Alors que toutes les expériences en laboratoire démontrent le contraire !)
"Goldeneye", encore, je veux bien : c'est (dans mon souvenir) le nom de l'arme secrète qui sert de McGuffin au film. Mais "Tuer n'est pas jouer" ?
Et pourtant les gens continuent à aller voir le dernier James Bond, l'air de rien, comme si tout était parfaitement normal, et le lendemain, à la machine à café, ils racontent à leurs collègues qu'ils sont allés voir le dernier James Bond, mais si, euh, "Danse avec le risque de mourir".
Et personne ne réagit.
Moi ça me tue.

Bon, je sais ce que vous attendez (public aimé). La suite de mon épopée à l'assaut d'une vie rêvée. Est-ce qu'il va réussir à la monter, sa maison d'édition ? Et ce blog serait le récit au jour le jour de la fabuleuse aventure du jeune-exalté-qui-se-lance-(au-risque-de-tout-perdre)-dans-l'entreprise-de-sa-vie. Vous me suivriez au gré de mes joies (et de mes peines aussi – je ne suis pas Superman), de mes progrès, de mes avancées, m'accompagnant pas à pas dans cette aventure improbable (je commence à me demander si je ne devrais pas proposer le concept à M6). Vous partageriez avec moi les moments d'enthousiasme, et les périodes de découragement (après mon rendez-vous avec les banquiers, par exemple), qui sait si émulés peut-être par cet exemple vous ne vous lancerez pas à votre tour dans un projet grandiose ! (Mais si vous faites du triolisme avant moi, c'est vraiment pas du jeu.) Ce blog deviendra le guide de toute une génération ! (je peux aussi donner les programmes télé si vous voulez).
Non, bon, aujourd'hui j'ai rien foutu.

Du coup, et comme la vie me jouait ce soir ce joli tour de m'emmener une nouvelle fois dîner chez mon ami A. (la garçonnière Orfèvrière, rappelez-vous, "Illumination") - auquel il va falloir bientôt trouver un pseudonyme parce que "A." c'est pas terrible – je me suis dit que ce qu'il me fallait, c'était justement ça : une nouvelle Illumination. Une dernière pour la route. La même ligne de métro (la ligne 4 – je le précise pour mes futurs biographes), le même trajet, le même jour de la semaine, j'ai même mis le même manteau.
Bon, déjà on est restés bloqués dix minutes à Denfert-Rochereau, c'était pas du tout comme ça la dernière fois.
Montparnasse-Bienvenüe, Saint-Sulpice, Odéon, rien.
Arrivé à la station "Cité", j'ai voulu prendre l'ascenseur pour remonter à la surface (pour ceux qui ne connaissent pas la station "Cité" – je ne juge pas – l'escalier pour remonter à la surface est vraiment très long. Et les deux ascenseurs sont entièrement automatiques, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de bouton, on rentre et on attend qu'il démarre. Il y a un compteur électronique qui indique le nombre de secondes avant le départ (40, je crois), puis un signal sonore absolument terrifiant quand le compteur est arrivé à zéro, et puis on monte. C'est absolument sordide.) Et là, quand je suis rentré dans l'ascenseur, le compteur n'avait pas encore démarré et je me suis retrouvé nez à nez avec un poivrot, qui disait très fort qu'il avait vu une femme dans un wagon et qu'il allait la "tirer".
On se sent très seul, et vulnérable, dans ces cas-là.
(J'avoue avoir hésité un moment à sortir et prendre les escaliers, en murmurant quelque chose à propos de ces foutus ascenseurs qui ne démarrent pas et de la France qui fout le camp (quoiqu'il aurait peut-être pris cette dernière remarque pour lui et je n'avais absolument pas envie d'affronter quelqu'un qui était visiblement très motivé pour "tirer".) mais je décidai d'affronter cette épreuve stoïquement (il parlait vraiment très fort et vous je sais pas, mais moi les gens qui parlent tout seul ça me fait un peu peur) – surtout qu'après tout, c'était peut-être l'occasion d'une nouvelle Illumination.
Et bien en fait non, non plus.

Le signal finit par retentir, les portes se fermèrent et l'ascenseur décolla, et je mesurai avec soulagement la diminution inexorable du laps de temps que ce vieil illuminé (ironie du sort !) lubrique avait pour me sauter à la gorge sans que je puisse appeler à l'aide.

Et puis joyeux dîner, comme d'habitude : plein de surprises, avec mon ami A. (c'est déjà ça)


12 janvier 2005

Grrmsssgjfdgrgrdmff

Libairté, j'écris ton nom !
(Anonyme)

 
Grrmsssgjfdgrgrdmff, donc.
 
C'est à peu de choses près ce que j'ai dit ce matin, quand le réveil a sonné avec 2 heures de retard et que j'ai ouvert un oeil injecté de sang.
On n'a pas idée de sortir le mardi, c'est moi qui vous le dit. On n'a pas idée de faire des open-bars non plus, c'est de la saloperie ce principe.
Ca faisait longtemps, d'ailleurs, que je ne m'étais pas réveillé dans cet état, sans avoir la moindre idée de comment j'avais bien pu réussir à rentrer (je me souviens d'être sorti de la boîte, d'être allé retirer de l'argent, là un blanc, puis je suis dans un taxi surgi de nulle part, qui me dépose avenue du Général Leclerc, puis encore un blanc, puis je suis dans mon lit et la dernière idée qui me traverse l'esprit c'est que peut-être il faudrait que j'aille vomir). J'étais même tout étonné ce matin d'avoir encore non seulement mon portefeuille et mon mobile, mais même mon écharpe (alors que, sobre, je les égare sans cesse). Et quand je dis que je les avais encore, je les avais vraiment encore, c'est-à-dire que j'ai dormi avec. Ce qu'on appelle (dans notre jargon de spécialistes) "la classe américaine".
 
Quelques heures plus tôt (mais pas beaucoup), le DJ avait passé un morceau de Nick Drake. Je ne savais pas qu'un moment pareil pouvait arriver : du Nick Drake au Rex. Mais le moment qui avait décidé de cette soirée était lui-même (brutalement) inattendu.
 
Retour au réel (un réel où je me sens un peu vaseux), et à mon Illumination (pour ceux qui suivent - et je sais qu'ils sont trois fois plus nombreux depuis cet après-midi. C'est-à-dire qu'ils sont trois maintenant.). Le secret de la réussite (tous les grands patrons vous le diront), c'est l'or-ga-ni-sa-tion. Méthode et planification rigoureuse sont les mamelles du jeune entrepreneur (ce qui explique que ces gens-là soient rarement des rois de la fête*).
Procédons donc par ordre : quel est mon objectif apparent ? Monter une maison d'édition. (mon objectif réel, lui, est de m'adonner au triolisme. Mais les psychanalystes comme les grands patrons vous diront qu'il vaut mieux dans un premier temps concentrer son énergie sur l'objectif apparent). Quelles sont mes compétences en la matière ? Nulles. Action numéro 1 : se documenter. Je suis donc allé chez Gibert, d'où j'ai ramené "Les métiers de l'édition" (éditions du Cercle de la Librairie) ainsi que "Traité pratique d'édition - 3ème édition" (même éditeur), qui m'ont l'air chacun d'offrir leur quota de précieuses informations pratiques. Je suis ensuite passé chez Gibert Musique pour m'acheter l'album de Coco Rosie (le jeune entrepreneur doit savoir se détendre de temps en temps) mais ils ne l'avaient plus, "peut-être en fin de semaine". Première expérience du genre de problème que devra affronter le jeune entrepreneur avec ses fournisseurs, et des astuces qu'il devra savoir trouver pour les résoudre ! (Je suis allé acheter l'album à la FNAC).

Demain, je vous présenterais peut-être les arguments qui, à mon sens, plaident en faveur de la création d'une branche spécialisée dans la littérature érotique au sein des éditions Partistare. Projet de premier ouvrage : Anthologie des baisers saphiques dans la littérature des XIXème et XXème siècle. Avec plein de photos.
 
P.S. Un petit frisson ce soir en réécoutant The Partisan dans la version de Sixteen Horsepower avec Bertrand Cantat. Frisson supplémentaire en entendant ce dernier chanter, de son timbre sombre et crépusculaire : "J'ai perdu femme et enfants / Mais j'ai tant d'amis / J'ai la France entière."
 
(* Message à Feuveu, mon ex-seul et unique fan, et que vous connaissez bien maintenant (et dont il faudra quand même un jour que je vous entretienne plus avant (vous allez voir, c'est gratiné.)) : get it ? get it ?)

11 janvier 2005

Le coin des citations

Poète, crache ta purée.
(Alfred de Musset)

(C'est n'importe quoi, j'invente, c'est parce que j'ai trop bu.)
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